Contamination par Mauro Maugliani

Exposition du 19 octobre au 2 novembre 2019 à l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci et dans le cadre de la XIXe édition de la semaine de la langue italienne dans le monde.

Exposition du 19 octobre au 2 novembre 2019

Le Consulat Général d'Italie à Nice, à l'occasion de la semaine de la Culture et de la Littérature Italienne et du cinq centième anniversaire de la mort de Leonardo Da Vinci (Vinci, Italie, 1452 - Amboise, France, 1519), promeut une exposition dédiée au génie Vincien à travers l’œuvre de l'artiste contemporain Mauro Maugliani.

Contamination, le titre du projet, est un parcours expositif accueilli à l’Espace Lympia de Nice du 19 octobre au 2 novembre 2019.  Les travaux graphiques et picturaux exposés présentent le monde de Maugliani, ses racines artistiques, toujours liées, et plus particulièrement à cette occasion, à la tradition artistique italienne, à travers des œuvres de grands format réalisées à la pointe d’argent, technique très aimée par le Maestro vincien. Le signe laissé par l’argent s’oxyde avec le temps, laissant ainsi l’œuvre poursuivre son parcours mystérieux, une mutation chromatique hors du contrôle de l’artiste ; l’œuvre assumant ainsi sa propre autonomie expressive.

Le lien avec le grand Maestro se retrouve également dans le choix du portrait et de l’anatomie thème esthétique fondamental pour pénétrer l’œuvre de Maugliani et de ses anti-portraits, regards perdus d’une société en crise, et innocence des enfants, seul espoir d’un monde meilleur.

Le pathos de l’exposition, qui contiendra une vingtaine d’œuvres, veut à travers le monde encore inexploré du figuratif contemporain, une rencontre entre le grand public et l’art dans la réciprocité de l’interaction émotionnelle.

Découvrez le mot de Raffaele De Benedictis Consul Général d’Italie à Nice...

A l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, le Consulat Général d’Italie à Nice, dans le cadre de la XIXe édition de la semaine de la langue italienne dans le monde, a voulu présenter une exposition du peintre Mauro Maugliani, conçue comme hommage au grand génie.

Léonard est peut-être le seul maître de l’art ancien qui n’a besoin d’aucune présentation dans le monde entier et qui constitue pour tout le monde un point de référence vers le parcours de connaissance qui a emmené l’être humain à la modernité.

Je tiens à saluer la collaboration fructueuse entre le Consulat Général d’Italie, le Département des Alpes-Maritimes et l’Espace Lympia pour l’inauguration de cet événement.

Une pensée, enfin, à tous ceux qui verront cette exposition. Avec cette initiative nous avons également voulu rendre un hommage d’un peintre italien à la ville de Nice et au peuple français, dans l’espoir que puisse s’affirmer en ce XXIe siècle ce que les oeuvres et l’enseignement de Léonard donnent en exemple, c’est-à-dire l’art, la culture et la science en tant que vecteurs d’élévation spirituelle et de dialogue entre les peuples et comme facteurs d’innovation et de croissance de nos pays.

Raffaele De Benedictis
Consul Général d’Italie à Nice

Visites guidées

Des visites guidées de l'exposition sont proposées gratuitement.

L'artiste sera présent pour des visites guidées de son exposition aux dates suivantes :

  • Samedi 26 octobre à 14 heures
  • Dimanche 27 octobre à 10 heures 30
  • Mercredi 30 octobre à 10 heures 30
  • Samedi 2 novembre à 14 heures

 

 

Pour aller plus loin dans l'exposition...

- Image en taille réelle, .JPG 268Ko (fenêtre modale)© DR

Contamination, le titre de cette nouvelle collection – peintures à l’huile et à l’acrylique, dessins à la pointe d’argent – est éclairant et trompeur à la fois. Les œuvres de Mauro Maugliani révèlent en effet la saisissante vérité que nulle altération ne peut occulter. En montrant l’aliénation de l’individu, il montre aussi son unicité.

Lire l'ensemble de la lecture des œuvres de Mauro Maugliani proposée par Edwige Comoy Fusaro...

- Image en taille réelle, .JPG 1,07Mo (fenêtre modale)© DR

Le Christ est nu, suis-le nu.

Cette maxime de Jérôme de Stridon enjoint de se détacher des biens matériels pour s’attacher aux vraies richesses que sont les richesses spirituelles.

On pouvait donc difficilement imaginer une représentation plus oxymorique de saint Jérôme que celle que propose ici Mauro Maugliani, puisqu’il le met en scène dans l’un des temples de la consommation hédoniste qui jalonnent nos villes.

Ce n’est sans doute pas un hasard si le titre de cette huile sur toile, Temptations, est en anglais, lingua franca du jour présent.
Bien entendu, le clivage est doté d’une forte portée critique.
D’ailleurs, en reprenant la figure et la composition du San Girolamo nello studio de Bartolomeo Cavarozzi, Mauro Maugliani met l’accent sur les dérives du modèle axiologique de la société de consommation.

Car il est bien question de valeurs : l’inspiration du saint ne vient plus des anges, des Écritures, de la lumière divine (représentés à sa droite dans le tableau baroque) mais d’un milkshake (sûrement farci de conservateurs, graisses et sucres ajoutés) surmonté de l’enseigne lumineuse portant haut les couleurs bien-pensantes (vertes) de l’entreprise, championne de l’économie néo-libérale mondialisée.
Il n’est plus de réflexion sur la destinée de la vie mortelle, ni sur la perspective d’une vie meilleure dans l’au-delà, comme le suggère, chez Cavarozzi, la présence du crâne, symbole canonique des Vanités ; plus de crucifix, à la gauche du saint, lui rappelant l’exemple du Christ.

Seules demeurent les promesses de la jouissance sensorielle du confort momentané : dorénavant, le blason de la marque américaine est l’unique source lumineuse.

Si l’édition 2019 du père de l’Église n’incite guère à renoncer aux plaisirs du superflu et de la chère, ce sont pourtant bien des mises à nu qu’opèrent les œuvres de Mauro Maugliani.

- Image en taille réelle, .JPG 841Ko (fenêtre modale)Slide away - huile sur toile© DR

Contamination, le titre de cette nouvelle collection – peintures à l’huile et à l’acrylique, dessins à la pointe d’argent – est éclairant et trompeur à la fois.

Les œuvres de Mauro Maugliani révèlent en effet la saisissante vérité que nulle altération ne peut occulter. En montrant l’aliénation de l’individu, il montre aussi son unicité.

Par contraste, les contaminations mettent en lumière les nudités. Si les regards de ses « anti-portraits », comme il les désigne lui-même, sont généralement vides, désabusés, parfois inquiets, et si les jeunes femmes apparaissent gonflables, tatouées de codes-barres baguées comme du bétail (comme lors de sa dernière exposition), ou empaquetées à la façon des fleurs coupées (comme dans Slide Away ici), les yeux n’ont de fard que sur les paupières et ne mentent pas : par-delà les atours, on décèle très nettement au travers du regard fixe l’individualité nue de la personne, son intelligence qu’aucune contamination ne peut altérer durablement.

L’hébétude et le désarroi des anti-portraits qui ont dominé les précédentes collections de Noli me tangere (Gaeta, 2015) à Recto Verso (Beausoleil, 2018-2019) cèdent ici la place au défi.

C’est en somme un dénuement que Mauro Maugliani opère dans ses remakes à l’huile et dans ses portraits, par le choix du minimalisme.

Le minimalisme du sujet saisi dans sa pure vérité, sa beauté unique, sans expression de convenance, sans artifice ni falbala, sans niaiseries ni minauderies, va toujours de pair avec une essentialité de la représentation.

- Image en taille réelle, .JPG 2,08Mo (fenêtre modale)© DR

Mauro Maugliani affectionne les outils les plus simples, de la pointe d’argent des enlumineurs et des artistes renaissants – arte del levare – au stylo à bille de notre contemporanéité, privilégiant souvent la poésie du monochrome ainsi que les supports et attributs les plus humbles : toile de jute, fil de fer, film cellophane, cassettes audios, mur brut. C’est le luxe des grands : la stupéfiante prouesse technique, forgée à l’établi des maîtres et théoriciens de la Renaissance italienne (Cennino Cennini, Leonbattista Alberti, Léonard de Vinci), d’une pratique rigoureuse et de constantes expérimentations, se cristallise dans la juste humilité du simple trait, du cordage élimé.

© DR

Aussi l’enfant aux cheveux nuageux des savantes Éclipses de Recto Verso (Beausoleil, 2018-2019) nous revient-elle ici en dessins essentiels (Chitchat).

L’enfant est d’ailleurs un motif majeur de l’oeuvre de Mauro Maugliani et de cette exposition (Ring Around). Il apparaît d’un côté comme une inquiétante empreinte photographique – monochrome rehaussé de touches blanches – sur les morceaux de toile de jute grossièrement cousus, rappelant les Étoiles filantes de l’exposition de Nice et de Rome en 2018 ; d’un autre côté, il apparaît aussi comme l’empreinte du suaire, la petite fille bénissant des deux mains à la façon d’un Christ de la tradition picturale.

- Image en taille réelle, .JPG 530Ko (fenêtre modale)© DR- Image en taille réelle, .JPG 249Ko (fenêtre modale)© DR- Image en taille réelle, .JPG 911Ko (fenêtre modale)Alma Mater - pointe d’argent et acrylic sur toile© DR

Le motif religieux – souvent traité en mode décadent – est récurrent chez Mauro Maugliani, dès ses premières expositions (Ego te absolvo, Spoleto, 2014).

On le retrouve dans la pose de Madone de My Room, le regard détourné, les cheveux chastement noués sur la nuque, non sans l’ambiguïté de l’étrange halo ferreux qui l’entoure. Le fil de fer est carcan et couronne, auréole et camisole, il défigure et exalte, emprisonne et protège, à la façon d’un cadre : en isolant, il sacralise. Sous ses mailles grossières point la personne inaltérable, le petit enfant pascolien. Telle est sans doute la dernière leçon de cette nouvelle livraison de l’artiste.

- Image en taille réelle, .JPG 1,88Mo (fenêtre modale)My room - huile sur toile© DR

Au-delà du dévoilement des valeurs hédonistes, matérielles et mercantiles qui ont supplanté les valeurs spirituelles, il révèle la vérité première, l’irréductible pureté de l’éternel enfant dans l’humilité, la grâce et la gravité christiques qui, dans ses oeuvres, habitent toujours l’être humain dans sa majestueuse nudité.

Prof. Edwige Comoy Fusaro
Université Rennes 2