Biographie d’Alberto Giacometti

(1901-1966)

1901

Né le 10 octobre à Borgonovo (Stampa), un petit village de la Suisse italienne. Son père, Giovanni Giacometti, (1868 - 1933) est un peintre néo-impressionniste suisse renommé. Giovanni Giacometti et Annetta Stampa ont trois autres enfants : Diego (1902-1985), Ottilia (1904-1937) et Bruno (1907-2012). Les peintres Cuno Amiet et Ferdinand Hodler sont les parrains d’Alberto et de Bruno.

1904

La famille déménage dans une maison à Stampa où Giovanni installe son atelier.

VERS 1910

Giovanni acquiert une maison d’été à Maloja, au bord du lac de Sils, où il installe un second atelier. Alberto apporte la touche finale d’un buste de son père réalisé par Niderhausen-Rodo en le peignant. Première tentative de fusion entre la sculpture et la peinture. Il réalise ses premières copies d’après des gravures de Dürer.

1914-1915

Alberto Giacometti passe son enfance à Stampa. Il s’initie très jeune auprès de son père au dessin et à la peinture. En 1915, il réalise une première peinture à l’huile Nature morte aux pommes et, en décembre 1914, un premier buste de son frère Diego qui deviendra son principal modèle. Il conservera toute sa vie ces premières oeuvres dans son atelier parisien. Son frère Bruno, sa soeur Ottilia et sa mère posent également pour lui.

1915-1919

Etudes au collège protestant de Schiers, près de Coire.

1919-1920

Il arrête ses études et s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts, puis à l’Ecole des Arts et Métiers de Genève. Sous l’influence de son père, il réalise plusieurs peintures de style néo-impressionniste.

1920

Il quitte l’école et accompagne son père à Venise, alors représentant officiel pour la Suisse à la Biennale. Il découvre le Tintoret puis visite Padoue où il découvre les fresques de Giotti. En novembre il visite Florence où il découvre l’art égyptien, puis Rome. L’influence de la sculpture égyptienne sera déterminante dans l'évolution de son oeuvre.

1921

Il s’installe à Rome chez un cousin de son père puis dans un petit atelier sur la Via Ripetta. Il voyage à Naples et Pompeï avant de retourner passer l’été à Maloja. Pendant cette période, il réalise de nombreuses copies des maîtres anciens.
Le 3 septembre il accompagne en voyage Pieter van Meurs qui décède deux jours plus tard sous ses yeux. Cette expérience traumatisante de la mort reviendra à de nombreuses reprises dans son travail.

1922

Il s’installe en janvier à Paris pour étudier la sculpture dans la classe d’Antoine Bourdelle à l'Académie de la Grande Chaumière. Il y reste jusqu'en 1927. Ses sculptures de l'époque évoluent entre le post-cubisme et le primitivisme.

1925

Il loue un petit atelier près du cimetière Montparnasse où son frère Diego le rejoint. Il rencontre Pierre Matisse, fils du peintre Henri Matisse, qui le représentera dans sa galerie à New York. Il sculpte et peint le portrait de Flora Mayo, américaine rencontrée à la Grande Chaumière. Première participation au Salon des Tuileries et première commande du collectionneur d'art d'Afrique Joseph Müller.

1926

Il s’installe le 1er décembre dans l'atelier du 46 rue Hippolyte-Maindron où il restera jusqu'à sa mort.

1927

Il expose une seconde fois au Salon des Tuileries avec la Femme cuillère et le Couple, dans la salle des avant-garde aux côtés de Brancusi et de Zadkine.

1928

Il réalise ses premières « plaques » ; des figures plates, dont la Tête qui regarde, qu’il présente à l’exposition Les artistes italiens de Paris.

1929

Il rencontre Jean Cocteau, les Noailles et André Masson qui l'introduisent dans les milieux d’avant-garde, puis rencontre Louis Aragon et Georges Bataille. Premier article enthousiaste sur Giacometti par Michel Leiris dans la revue Documents. Une version de la Tête qui regarde est achetée par une collectionneuse d’Argentine, Elvira de Alvear, et une autre par le Vicomte de Noailles. Rencontre avec le photographe Eli Lotar. Il signe un contrat d'un an avec la galerie Pierre.

1930

Man Ray le présente au décorateur Jean-Michel Frank pour lequel il réalise ses premiers objets d’art décoratif. Il expose, à la galerie Pierre Loeb, la Boule Suspendue que Salvador Dali qualifiera de prototype des « objets à fonctionnement symbolique ».

1931

Il devient officiellement membre du groupe surréaliste d'André Breton et participe aux activités du groupe.

1932

Première exposition personnelle à Paris à la galerie Pierre Colle. Christian Zervos lui consacre un article dans Cahier d’art illustré de photos prises par Man Ray dans l'atelier.

1933

Première estampe pour l’illustration d’un livre : Les Pieds dans le plat, de René Crevel. Il publie plusieurs textes dans la revue Le Surréalisme au service de la révolution et, à la demande de Tériade, dans la revue Minotaure. Il participe à l’exposition surréaliste à la galerie Pierre Colle où il vend aux Noailles La Table. Son père meurt quelques jours plus tard (le 25 juin).

1934

Les mois qui suivent, Giacometti réalise une Tête crâne, l’Objet invisible (Mains tenant le vide) et le Cube. Il commence à prendre ses distances avec le mouvement surréaliste en revenant au travail d’après nature. En décembre, la galerie Julien Levy lui consacre sa pemière exposition personnelle à New York.

1935

Séparation avec le groupe surréaliste. Il commence une recherche solitaire sur les têtes prenant pour modèles Diego et la jeune Rita Gueyfier qui posent à tour de rôle pendant plusieurs mois. Il fréquente Balthus, Gruber, Tal-Coat. A la fin de l’année, il rencontre Isabel Nicholas qui deviendra son amie et son modèle.

1936

Il confie à Pierre Matisse la représentation de son oeuvre aux Etats-Unis. Le Palais à 4 heures du matin entre dans les collections du Musée d’art moderne de New York, sa première oeuvre dans un musée. A Paris, l’importante rétrospective Cézanne au musée de l’Orangeraie lui confirme l’importance de remettre en cause la vision de la réalité.

1937

Giacometti devient ami avec Samuel Beckett avec qui il traîne la nuit dans Montparnasse. Il visite Picasso dans son atelier des Grands-Augustins, où l’artiste travaille à son oeuvre Guernica.
Sa soeur Ottillia meurt en accouchant de son premier enfant Silvio.

1938

Il est renversé par une voiture. Il conservera de cet accident une légère claudication.

1939

Il rencontre Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir avec qui il restera très lié.

1941

En décembre, il se rend en Suisse où il restera pour la durée de la guerre. Il y rencontre l'éditeur Albert Skira et réalise de nombreux portraits de Silvio.

1943

Il rencontre Annette Arm qui deviendra son épouse en 1949 et l'un de ses modèles favoris.

1945

En septembre il rentre à Paris où Diego a conservé son atelier dans l'état où il l'avait laissé. Retrouve le millieu littéraire et artistique parisien.

1946

Il réalise une série de portraits de personnalités des arts et lettres : Marie-Laure de Noailles, Simone de Beauvoir, Georges Bataille et une tête du résistant communiste Rol-Tanguy à la demande d’Aragon. Il publie « Le rêve, le sphinx et la mort de T. » dans la revue Labyrinthe.

1947

Annette Arm emménage rue Hippolyte-Maindron.

1948

Première exposition monographique de ses oeuvres depuis 1934 à la galerie Pierre Matisse à New York. Sartre écrit La recherche de l'absolu pour la préface du catalogue. La galerie lui consacrera des expositions personnelles en 1950, 1958, 1961 et 1964.

1949

Achat de l’Homme qui pointe par la Tate Gallery, première oeuvre acquise par un musée européen. Continue sa série de portraits d’intellectuels : Jean-Paul Sartre, Tristan Tzara. Il épouse Annette Arm le 19 juillet.

1950

Première exposition à la galerie Maeght à Paris où se succéderont d'autres expositions en 1954, 1957 et 1961. Premières lithographies.

1952

Le musée de Grenoble achète la Cage, première oeuvre de la production d’après-guerre à entrer dans les collections publiques françaises. Don de la Table au musée national d’art moderne par les Noailles, première oeuvre surréaliste dans les collections nationales.

1954

Première exposition monographique dans un musée, à Santa Barbara en Californie. Projet de médaille à Henri Matisse. Il réalise ses premiers portraits de Jean Genet qui posera jusqu'en 1958.

1955

Premières rétrospectives dans des musées à New York, à Londres, et en Allemagne.

1956

Il représente la France à la Biennale de Venise où il expose un groupe de sculptures : les Femmes de Venise. Il dessine la couverture du livre Le Balcon de Jean Genet. Rencontre Isaku Yanaihara qui reviendra plusieurs étés poser pour lui (en 1957, 1959, 1960 et 1961).

1957

Jean Genet écrit "L’Atelier d’Alberto Giacometti", qui paraît dans la revue Derrière le miroir, puis sous forme de livre illustré de photographies d’Ernst Scheidegger en 1963.

1958

Première exposition monographique au Japon. Il rencontre Caroline, qui devient sa maîtresse et son modèle jusqu'en 1965.

1959

Il commence le livre de lithographies Paris sans fin, qui sera publié en 1969. Il est invité à participer au concours du monument de la place de la Chase Manhattan Bank à New York mais le projet ne sera jamais achevé.

1962

Invité de la Biennale de Venise avec une exposition personnelle, il remporte le Grand prix de sculpture. Grande rétrospective au Kunsthaus de Zurich. Rencontre avec le poète Giorgio Soavi.

1964

Reçoit le prix Guggenheim International de peinture et en 1965 le Grand prix national des Arts de France. Inauguration de la salle et de la cour Giacometti à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Il y installe les pièces projetées pour la Chase Manhattan Bank : deux hommes qui marchent, deux grandes femmes et une grande tête. Il réalise aussi un ensemble de Femmes de Venise en bronze. Sa mère meurt le 25 juin.

1965

Trois rétrospectives se tiennent à Londres, New York et Copenhague, auxquelles il se rend. Il participe activement à celle de Londres, à la Tate Gallery. Création de la Fondation Alberto-Giacometti de Zurich, par achat d’une partie de la collection Thompson.

1966

Il meurt brusquement à l’hôpital de Coire le 11 janvier. Il est enterré le 15 janvier dans le cimetière de Borgonovo.